Le 4 juillet 2011
Semaine du 14 au 18 juin: Cette semaine a été riche en événements que nous avons vécus de façons très variées.
Samedi, les « anciens élèves » du cours d’informatique nous ont invités pour remercier de ces séances qu’ils ont suivies assidument – c’est surtout Jacques qui était vraiment concerné puisque je n’ai pas participé à ces cours, mais ils ont tenu absolument m’associer à ces remerciements et ont organisé cette petite fête en fonction de nos 2 disponibilités, tant pis si eux, n’étaient pas tous présents.
De façon générale, nous pouvons remarquer que même si nous avons des activités séparées voire même très indépendantes l’un de l’autre, lors d’invitations pour des remerciements, nous sommes toujours associés et nous avons droit chacun, à notre cadeau. A chaque fois, cette intention nous touche beaucoup
Mardi, suite à une information parvenue de l’association Alliances Missions Médicales, je suis allée avec le Dr Olivier et Jeannine (qui nous aide dans notre association ELF) visiter une famille. Mais ce n’était pas une visite « classique » car Mme Lala et sa petite famille ( 4 enfants de 10 ans à 18 mois) ne vit pas dans une maison même très petite ou en très mauvais état (celles-là, j’en ai déjà vues ..) mais tout simplement sous le balcon d’un restaurant. Les voir ainsi, tous les 5 dans cette situation, nous a fait toucher du doigt la Grande Pauvreté. Ce fut déjà un choc pour nous tous mais ce qui m’a mis en colère, c’est le récit que Mme Lala a fait de sa vie :
Née à Ambositra , ville située à 150 km au nord de Fianarantsoa, elle s’y est mariée, a eu ses 2 filles et malheureusement, son mari est décédé. Avec un nouveau compagnon, elle a eu un petit garçon et tandis qu’elle était enceinte du 2ème garçon, la petite famille est venue ici à Fianar pour accompagner le papa qui très vite, a « laissé tomber » toute cette petite famille.
Cette attitude de non-responsabilité de la part des hommes n’est malheureusement pas rare et il est important qu’un réel travail éducatif soit fait auprès des jeunes pour stopper ce phénomène inquiétant: mère célibataire, personnes se disant nées de père inconnu , – nous en rencontrons très souvent.
Malheureusement, un 2ème et double « coup de colère » m’attendait…
Mme Alphonsine, une institutrice que je rencontre dans un groupe de travail, me dit son inquiétude: une jeune élève (classe de 8ème = CM1) ne pourra pas faire l’examen de passage car le paiement des écolages (frais de scolarité) accuse du retard – elle est pourtant une élève très sérieuse qui arrive avec sa sœur (en 6ème) à 7h le matin pour faire ses devoirs (elles n’ont pas la possibilité de le faire à la maison).
En fait la Maman est hospitalisée depuis 2 mois pour des problèmes pulmonaires. Le Papa est « parti chercher du travail » dans une autre ville (…!) mais depuis plusieurs mois, il n’a pas donné de nouvelles ni envoyé d’argent.
L’origine de cette galère est une décision municipale: « démolition des boutiques en bois » Le papa était boucher depuis plus de 13 ans mais il n’a pas eu les moyens d’acheter un terrain pour construire une nouvelle boutique « en dur ». Bilan: la famille a été obligée de déménager, ils vivent maintenant dans une pièce (à 7 pers) les 3 fils ainés ont dû arrêter leurs études les parents n’ayant pu payer les droits d’inscription. Deux des trois filles ont profité de l’aide d’une association pour être scolarisée mais l’aide ne suffit pas pour payer tous les écolages et là, on se retrouve devant des religieuses qui ne peuvent (ne veulent …?) discuter et interdisent aux enfants des retardataires de finir leur année scolaire. Depuis l’hospitalisation de la maman, c’est le fils ainé âgé de 16ans1/2 qui vient de trouver un petit travail chez un boucher qui nourrit ses frères et sœurs…..
Mercredi 22, ce texte n’est pas encore sur le blog aussi je tiens à y ajouter « notre moment de bonheur » de la journée:
Jeannine a eu connaissance d’un logement libre et ce midi nous avons pu emmener Lala et ses enfants dans une vraie maison. Ce soir, nous lui avons acheté le minimum nécessaire pour s’installer et vivre un peu plus décemment.