Le 28 juin 2011
Qu’avons nous constaté concernant les Malgaches de Fianarantsoa ?
Depuis 8 mois que nous vivons à Fianarantsoa, nous avons beaucoup écouté, observé et vécu avec nos amis Malgaches.
Une constatation:
Oui les besoins sont énormes à l’heure actuelle
Oui la vie est difficile
Mais nous avons rencontré des Malgaches qui s’investissent dans le développement de leur pays.
- Ils connaissent les besoins et les mentalités des habitants de leur pays.
- Ils connaissent les faiblesses et les limites de Madagascar.
- Ils ont des compétences, certes insuffisantes dans certains domaines mais réelles et modernes dans d’autres.
- Ils ont besoin de coups de pouces financiers ou techniques qui permettront aux compétences locales de s’exprimer.
C’est vrai qu’à Madagascar il y a des lourdeurs dans l’administration et l’organisation et qu’il y a la corruption. C’est pour cela qu’il faut renouveler sans cesse les personnes qui viennent les aider pour éviter la lassitude et le constat d’impuissance, qui n’est pas réel:
les choses évoluent « Mora Mora »
D’après nous qu’ont-ils besoin ?
De confiance en soi – Souvent vis à vis de nous ils sont pleins de complexes et négligent leurs valeurs qui sont très importantes (joie de vivre, capacité de travail, volonté d’apprendre, ingéniosité, etc…)
Dans ce domaine, à travers nos conversations nous nous sommes efforcés de nous remettre chacun à notre place. Nous ne sommes pas venu en donneurs de leçons mais en amis venu donner un coup de main le plus efficace possible (avec nos erreurs et nos manques mais aussi nos compétences)
De transformation des mentalités – Il est indiscutable que les Églises à Madagascar et en particulier l’Église Catholique à Fianar ont investi dans l’éducation des enfants et dans le social pour les plus démunis. Cet investissement a pour conséquence un début de prise de conscience de certains qu’il y a quelque chose à faire pour sortir le pays de sa crise. Cet investissement aura, un jour ou l’autre, comme conséquence d’ébranler les dirigeants du pays, peut-être brutalement, même si on ne peut pas le souhaiter. Les jeunes ne croient plus en leurs dirigeants et n’apprécient pas par exemple la désinvolture avec laquelle les « vieux » traitent le problème de la rentrée universitaire qui a été reportée de mois en mois et qui n’est pas encore totalement effectuée à ce jour (mi juin 2011).
On peut remarquer les efforts des religieux dans la formation à la citoyenneté, sous l’impulsion de leur Évêque, Mgr Fulgence RABEMAHAFALY : sensibilisation à la déforestation, propreté de la ville, entretien des équipements publics, aide aux plus démunis etc…
Il y a encore beaucoup à faire dans ces domaines et dans d’autres , notamment par exemple pour apprendre à tous qu’il existe des biens publiques que l’on doit protéger collectivement ou que l’enfant qui vient de naître doit être élevé et protégé par ses deux géniteurs et non seulement par la mère (responsabilité des hommes).
De remise en cause de certains agissements de quelques responsables civils ou religieux –
– Dans le domaine social, on peut regretter la rudesse avec laquelle certains religieux traitent les plus démunis. Par exemple on a pu constater plusieurs fois que des écoles Catholiques pouvaient se permettre de rejeter des enfants qui ne paient pas les scolarités sans recherche de solutions sociales; les ONG interviendront bien, ce n’est pas notre problème !! Il ne faut pas généraliser car d’autres exemples contraires peuvent être mis en avant, mais il y a pour certains un oubli des vrais objectifs et de la signification du terme « charité chrétienne ».
– Dans le domaine religieux, certains investissements importants (écoles, bâtiments communautaires etc..) sont décidés sans véritable étude de financement ou d’utilité. Conséquence : on commence et parfois on ne termine pas.
– Dans le domaine civil, on prend des mesures brutales sans soucis des conséquences sociales: on décide que les boutiques en bois doivent être détruites sans aider à leur transformation, d’où destruction du revenu d’une famille. On décide que les sans abris qui sont en ville font mauvais effet, on les chasse – pour où ? .On décide à la veille de la fête des mères de nettoyer les dépôts d’ordures de la ville et on transporte celles-ci le long d’une route en périphérie etc …
De technicité dans la façon d’enseigner –
Par manque d’aide pédagogique les enseignants (publics ou privés) utilisent des méthodes totalement révolues actuellement: j’expose un sujet, l’élève note, il sera ensuite capable de redire – Il n’a pas forcément assimilé et dans les domaines techniques n’a pas vraiment compris. Dans ce domaine une aide de « jeunes retraités » de l’enseignement qui peuvent transmettre un « savoir faire et une expérience » peut s’avérer précieuse. On peut également aider à la promotion des techniques modernes comme l’informatique, Internet, le multimédia qui peuvent suppléer les carences en manuels et documents écrits. Les infrastructures de communication, bien que insuffisantes, se développent à Madagascar.
De l’éducation au sens de l’économie et de l’investissement –
Dans une société qui vit au jour le jour et dans laquelle l’argent liquide est le seul moyen de paiement, il est très difficile d’économiser pour plus tard et pour d’éventuels investissements, on a de l’argent on le dépense!!!
Une jeune mère qui était inactive et assez pauvre décide, pour se faire un peu d’argent, de vendre des fruits et légumes sur le trottoir devant chez nous(comme beaucoup à Madagascar). Elle achète des produits à vendre et les vend. Elle dépense tout l’argent sans en garder pour ses futurs achats, évidemment vous devinez la suite elle doit arrêter son commerce.
Que faisons nous, ou que ferons nous concrètement ?
1 – Depuis notre arrivée à Fianarantsoa nous avons participé à la consolidation de l’organisation de l’association de parrainage de maman seule « Entraide Lyon Fianarantsoa »; plus de 40 familles et plus de 110 enfants. L’objectif de cette association est: l’aide à la scolarisation des enfants et la responsabilisation des femmes pour leur développement et de petits résultats nous encouragent, surtout dans le sens de la solidarité entre familles démunies et créativité pour trouver des actions de développement certes modestes mais réelles.
2- Nos missions de coopération nous ont amené à aider les enseignants pour Claudie et à transmettre des compétences en réseau informatique pour Jacques.
3 – Un projet d’aide financière et de suivi individuel pour des étudiants à l’aide d’une association dans laquelle donateurs Français collaboreront avec des Malgaches.
4 – Participation à un projet de centre d’aide pédagogique pour les enseignants créé par un responsable Malgache de l’enseignement actuellement en retraite.
Ce document évoque quelques réflexions issues de notre vie et notre action depuis 8 mois, mais ne constitue pas une étude exhaustive des besoins et des solutions de Madagascar.
Nous sommes persuadés que le développement de ce pays passera par la mise en place d’une multitude d’initiatives réfléchies et originales reflétant l’Amour que nous devrions tous avoir pour ce beau pays et ses habitants si attachants.